Comédie dramatique; Estimée à 15 min
Logline
Honorant les dernières volontés de leur mère, trois frères et sœurs dysfonctionnels se retrouvent dans un lieu un peu trop public pour disperser ses cendres. Chaos et grabuge s'ensuivent.  
Synopsis
Les frère et soeurs Auclair se réunissent au pied du Mont-Royal un matin polaire du mois de Janvier afin d’honorer les dernières volontés de leur mère et disperser ses cendres. Alors que LAURE (34, l'ainée), se présente dans une tenue noire sobre, la benjamine flamboyante MARGO (29) apparait en paillettes et manteau de fourrure. Il devient clair qu’elles ont des visions très différentes de cette cérémonie. Le frère du milieu, BASILE (31), le plus sensible, mais aussi le plus émotionnellement réprimé des trois, préfère cacher ses émotions derrière son caméscope. Ils relisent les indications plutôt cryptiques laissées par leur mère: elle veut être dispersée là où elle aimait faire du jogging chaque dimanche. C'est beau en théorie, mais plus ambigu en pratique: le parc est public, achalandé. Et où courait-elle exactement? Sur la route principale? Au belvédère? 
De chamailles fraternelles, à la consommation de champignons magiques, l’arrivée d’un conjoint non-invité et une escalade vertigineuse, les Auclair sont confrontés à divers obstacles qui rendent leur mission plus complexe que prévu. Les ressentiments émergent; les personnalités sont exacerbées. D’un côté, l’ainée responsable Laure manque de flexibilité et pilote le groupe avec autorité. De l’autre, la benjamine Margo, dans sa désinvolture égocentrique, démantèle tout protocole funéraire imposé par sa soeur.  Et coincé entre les deux, on retrouve Basile, dont la tristesse profonde réprimée est exprimée par l'irritabilité, et bientôt l'animosité. L'arrivée du récent copain de Laure, RICHMOND (39, loser) ne fait qu'ajouter à la cacophonie, et bientôt, il semble impossible que les cendres puissent être dispersée dans cette zizanie. 
Finalement, c'est une anecdote inattendue et touchante de Richmond qui a connu la mère des Auclair quelques jours avant sa mort, qui désarme le trio et rétablit le calme. Tous sont émus. Mais lorsque vient le temps de disperser les cendres, le groupe est accosté par une patrouille anti-déchets zélée, indignée que des vestiges humains soient déversés dans le parc. Margo et Basile s'emportent, et bientôt sont menacés d'une amende, voire même d'une arrestation ! C'est là que Laure se libère de sa rigidité et entraine ses frangins dans une fuite effrénée pour semer la patrouille. Bientôt, ils se retrouvent accidentellement à un emplacement idyllique, idéal pour les cendres... si l'urne improvisée ne s'était pas ouverte pendant leur course, les semant au vent par mégarde. Catastrophe? Laure, Basile et Margo y voient plutôt une résolution fortuite. C'était comme un jogging de Maman. C'est bien mieux comme ça, finalement. 
Et là, au sommet, au dessus de la ville, les frangins s'étreignent. Laure libérée du protocole à suivre. Margo présente pour son frère et sa soeur. Basile laissant enfin ses larmes couler. 
Vous trouverez un "scène à scène" plus détaillé au bas de la page. 
Intention de la réalisatrice
Avez-vous déjà eu un fou rire incontrôlable pendant un enterrement? Ronflé pendant l’éloge funèbre particulièrement soporifique d’un curé qui connaissait à peine le défunt? Été nauséeux à la vue d’un corps exposé?
Je suis née dans une famille de directeurs funéraires. La mort, c’était notre affaire. Et bien que le terme « funérailles » évoque souvent des visages solennels, des gens vêtus de noir, une atmosphère pesante, cette formule traditionnelle s’adapte moins bien aujourd'hui à comment beaucoup  souhaitent vivre la mort. Le deuil n’a pas à être exclusivement sombre, funèbre ou triste. C’est une émotion plus complexe, qui peut inclure l’humour, la joie, le ridicule. On se doit de lui laisser libre droit de s’exprimer, sans culpabilité. Le rire, l’ennui, même la colère, ces comportements maladroits sont plus forts que nous. On en est gêné, on les croit irrévérencieux, mais ils sont tout aussi naturels que les larmes.
SVP PAS DE DÉTRITUS explore ces sentiments contradictoires. Le film autorise nos protagonistes à ne pas savoir comment agir face à la perte énorme de leur mère, et permet à l’audience de se reconnaître en eux. Il humanise leurs erreurs, leurs faux pas, leurs désaccords. Je souhaite étudier la mort à travers la lentille du ridicule et à la fois de la tendresse. C'est une comédie dramatique pure, qui jongle tragédie et dérision, d'une manière fidèle à la réalité - ou du moins, à la mienne.
Car le film est aussi inspiré de l’histoire de ma tante, qui souhaitait ses cendres dispersées sur le Mont-Royal par ses enfants. S’il est facile de reconnaître la poésie et l’importance de ce lieu pour elle, on peut aussi imaginer le défi de trouver un endroit intime et vaguement charmant dans un parc aussi public pour y saupoudrer ses vestiges. Ça nous rappelle que ces événements cérémonieux sont aussi d'une nature banale, prosaïque, les rendant peut-être moins intimidants, plus facile à supporter.  Cet épisode a tout de même profondément marqué mes cousins, que j’honore aujourd’hui à travers ce court-métrage (l'un deux en sera d'ailleurs le directeur photo). C'est peut-être aussi une façon de vivre mon propre deuil, de lui donner raison d'être, d'être capable d'en rire et d'en pleurer. Et si je ne suis pas croque-mort comme mes prédécesseurs, le médium cinématographique est alors ma propre version d'une eulogie. 
Approche cinématographique
Si le sujet du dispersement de restants crématoires est plutôt austère, le film est tout le contraire. Il est coloré, dynamique, chaleureux. Les images seront hybrides, alternant entre ce qui est tourné par le caméscope du personnage de Basile et une couverture plus standard pour certains moments clés. Nous vivrons donc beaucoup de scènes à travers les yeux des protagonistes: des séquences à l’épaule/à la main, imparfaites, qui capturent des moments candides sans interruption. Je veux assumer un look urbain, voire grunge, avec des dialogues naturels, saccadés, des lignes qui s'interrompent. La direction artistique reflétera ce style avec des costumes vivants, pigmentés, sans fausse harmonie. On sera plongés dans l'univers de Laure, Basile et Margo. Le départ vers une caméra plus objective viendra ponctuer le dynamisme frénétique du caméscope avec des passages plus posés, plus solennels. C'est plus spécifiquement dans les instants de grande émotion où l'on passera à une lentille plus objective, permettant à l'audience de sortir du chaos un instant, tel le regard omniscient d'une mère qui regarde ses enfants d'en haut. 
Scène à scène
Les frère et soeurs Auclair se réunissent au pied du Mont-Royal un matin polaire du mois de Janvier afin d’honorer les dernières volontés de leur mère et disperser ses cendres. Alors que LAURE (34, l'ainée), se présente dans une tenue noire sobre, la benjamine flamboyante MARGO (29) apparait en paillettes et manteau de fourrure. Il devient clair qu’elles ont des visions très différentes de cette cérémonie. Les frangins décident de commencer à marcher et déterminer un endroit en chemin. Lors de leur ascension du sentier glacé, il devient clair qu'ils sont conflictuels, surtout lorsqu'à fleur de peau comme aujourd'hui. On suit leurs diverses péripéties, capturées parle caméscope de Basile: 
-  Un accrochage entre Margo et Laure qui veulent prouver qu'elle connaissent mieux leur mère que l'autre. On sent la compétition
- Bientôt, Laure et Basile remarquent que Margo tient des propos encore plus ésotériques qu'à l'habitude. Elle prétend "entendre" leur mère, sentir sa présence dans le vent. Après un peu de pression des autres, elle leur avoue bientôt qu'elle a avalé quelques champignons magiques avant d'arriver, histoire de se sentir plus "connectée". Laure est scandalisée, surtout lorsque Margo leur offre d'en prendre à leur tour. 
- L'altitude monte. La tension monte. La conversation évolue vers le question "Qui était l'enfant favori?". Tous ont une réponse différente. Les ressentiments émergent. 
- Près du sommet, Margo et Basile sont surpris de voir apparaître RICHMOND (39, anglophone, un peu loser), le nouveau copain de Laure. Qu'est-ce qu'il fait là? Ils n'ont jamais parlé d'inviter leurs partenaires? Avoir su, Basile aurait invité sa FEMME avec qu'il est depuis 10 ans. Richmond propose à Basile de tenir sa caméra, afin que Basile puisse être dans la vidéo. Il refuse, amer. 
- Le cortège n'a toujours pas trouvé un endroit approprié pour disperser les cendres. Les filles sont fatigués et impatientes de passer à l'acte. Pourquoi pas juste ici? Elles reconnaissent le chemin, elles ont déjà marché ici avec leur mère. Mais Basile refuse de déverser sa mère sur le bord de la route cycliste!  Il faut trouver un endroit privé, champêtre.
- Basile entraine le groupe hors des sentiers battus, loin des foules, des sportifs, des promeneurs de chiens. Il prétend savoir de quel endroit sa mère parlait - mais il est clairement perdu. Le chemin est de plus en plus ardu, à pic. Basile échappe même son caméscope lors d'une quasi-chute peu assumée. Richmond rattrape la caméra et devient le de-facto le caméraman.
- Ils sont rendus si loin, qu'il est rendu difficile d'avancer. Les insultes commencent à voler bas. Margo déclare qu'ils devraient se satisfaire de cet endroit. C'est un peu aléatoire, près d'une clôture, mais c'est privé, désert. Ils entendent le chant des oiseaux. 
- Laure sort les cendres. Plutôt que dans une urne, elle les a placé dans un vieux Tupperware de plastique (ou un autre réceptacle inapproprié ridicule) . Margo et Basile sont offusqués, mais elle réplique sèchement que l'urne la moins chère était 250$ et qu'elle a fait ça pour eux et leurs salaires d'artistes. 
- Margo demande à ses frangins de partager un de leur moment préféré passé avec leur mère. Richmond (can't read the room), commence. Basile s'impatiente et l'interrompt.
- À son tour, Margo partage une anecdote. Légèrement inappropriée, plutôt à propos d'elle que sa mère, mais empreinte d'humour, d'affection et de nostalgie. Laure raconte une courte histoire avec beaucoup d'émotion. Vient le tour de Basile. Il est incapable. Il ne sait pas, ça ne sort pas. Margo lui enlève la caméra des mains, espérant que ça le débloquera. Mais Basile cache son visage dans ses mains. Est-ce qu'il pleure?  Non. Il rit. Laure et Richmond sont confus, mais ils comprennent bientôt que Basile a accepté l'offre de Margo, plus tôt, et les champignons commencent à faire effet. Laure est très contrariée. Le ton monte, les cadets se blâment l'un et l'autre. La chicane est prise. Peut-être devront-ils annuler la mission? Mais leur dispute est interrompue par Richmond qui reprend tout bas son anecdote sur leur mère. Ça fait taire le groupe, initialement irrité. Mais à la surprise de tous, l'histoire de Richmond, qui a rencontré leur mère dans ses derniers jours, est touchante. Ça les adoucit. Ça les émeut. 
- Calmés, ils acceptent qu'est venu le moment de disperser les cendres. Margo donne la caméra à Richmond, qui filme la scène. C'est le moment fatidique. Basile s'assure que la caméra tourne. Ensemble les frangins commencent à vider le Tupperware sur le sol du boisé... Mais sont interrompus par un coup de sifflet. Confus, ils voient approcher une patrouille anti-déchets qui pointe un signe près de là: SVP PAS DE DÉTRITUS. 
- Margo, réactive et un peu naïve, réplique qu'il ne s'agit pas de "détritus" mais des cendres de sa mère. Ça n'amadoue pas la patrouille - au contraire! Il est interdit de laisser des restes humains sur le terrain public du Mont-Royal! Basile n'apprécie pas le ton de la patrouille, et s'en mêle à son tour. Laure tente de ramasser les cendres déjà sur le sol avec le Tupperware - en vain. C'est le chaos
- Alors que la patrouille les menace d'une amende, Laure abandonne sa mission, attrape ses cadets et contre toute attente, se met à courir. Les frangins, suivi au loin de Richmond, fuient l'escouade anti-déchets, galopant le long des sentiers. C'est libérateur, rassembleur, plein de légèreté.
- Essoufflé, le groupe s'arrête finalement vers un sommet desert du Mont. La patrouille ne les a pas suivi. La vue de la ville s'étale devant eux. Ils rient, sont euphoriques. Après un instant, la réalité les rattrape. Maman. Les cendres. Laure sort son Tupperware... mais il est vide. Elle l'avait mal fermé. Il s'est vidé pendant leur course. Finalement, c'est peut être mieux comme ça. Comme un jogging de leur mère. Laure, Basile et Margo s'étreignent affectueusement. Basile laisse finalement ses émotions se relâcher. Il sanglote dans les bras de ses soeurs. Ils n'ont peut-être jamais été aussi proches. ​​​​​​​
Back to Top